10 de mayo de 2007

Valéry au prince des poètes

"[Manet] demande à M. Mallarmé s'il n'avait jamais rien écrit sur son bateau. Non, répondit-il en jetant un regard sur sa voile, je laisse cette grande page blanche."
Julie Manet, Journal.



Valvins


Si tu veux dénouer la forêt qui t’aère
Heureuse, tu te fonds aux feuilles, si tu es
Dans la fluide yole à jamais littéraire,
Traînant quelques soleils ardemment situés

Aux blancheurs de son flanc que la Seine caresse
Émue, ou pressentant l’après-mi chanté,
Selon que le grand bois trempe une longue tresse,
Et mélange ta voile au meilleur de l’été.

Mais toujours près de toi que le silence livre
Aux cris multipliés de tout le brut azur,
L’ombre de quelque page éparse d’aucun livre

Tremble, reflet de voile vagabonde sur
La poudreuse peau de la rivière verte
Parmi le long regard de la Seine entr’ouverte.




Valvins

Si desanudar quieres el bosque que te airea
en jolgorio, te fundes con las hojas, si estás
en la fluida yola ya por siempre de letras,
arrastrando unos soles situados en brillar

por albores del flanco que le acaricia el Sena
conmovido, o presintiendo la tarde del canto,
según que el bosque bañe, larga, cualquiera trenza,
y entremezcle tu vela a lo mejor del verano.

Mas siempre de ti cerca, que este silencio entrega
a los múltiples gritos de todo el cielo bruto,
la sombra de una hoja rala de libro alguno

se estremece, reflejo de vagabunda vela
sobre la polvorosa dermis del río verde,
entre el largo mirar del entreabierto Sena.





L’oiseau cruel...


L’oiseau cruel toute la nuit me tint
Au point aigu du délice d’entendre
Sa voix qu’adresse une fureur si tendre
Au ciel brûlant d’astres jusqu’au matin.

Tu perces l’âme et fixes le destin
De tel regard qui ne peut se reprendre;
Tout ce qui fut tu le changes en cendre,
O voix trop haute, extase de l’instinct...

L’aube dans l’ombre ébauche le visage
D’un jour très beau qui déjà ne m’est rien :
Un jour de plus n’est qu’un vain paysage,

Qu’est-ce qu’un jour sans le visage tien ?
Non !... Vers la nuit mon âme retournée
Refuse l’aube et la jeune journée.




El pájaro cruel...


La noche toda me tuvo el cruel pájaro
al punto agudo del gozo de oír
la voz que envía su furor tan tierno
al cielo ardiente de astros hasta el alba.

Hiendes el alma y el destino fijas
de tal mirar que no ha de recobrarse;
cuanto fue lo transformas en ceniza,
oh voz tan alta, del instinto éxtasis...

El alba por la sombra esboza el rostro
de un día hermoso que me es nada ya
–un día más: sino vano paisaje,

pues, ¿qué es un día sin el rostro tuyo?
¡No!... Hacia la noche mi alma trastornada
rehúsa el alba y la joven jornada.





Traducción: FANTE

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